Les défis des entreprises familiales
Le titre et le succès de l’ouvrage de Michael A. Klein, docteur en psychologie et consultant aux Etats-Unis auprès de nombreux dirigeants d’entreprises familiales, petites et grandes, nous rappelle une fois de plus que ces organisations sont des « êtres à part » qui ont besoin que l’on s’intéresse à eux. On ne peut en effet s’arrêter à leur dimension financière ou organisationnelle, et les travaux des psychologues et sociologues leur donne une dimension supplémentaire.
Mais l’entreprise familiale est-elle réellement un piège qui se referme sur tous ceux qui l’approchent ? Les cercles famille et business sont-ils à ce point incompatibles qu’il faille mettre en œuvre des stratégies de survie ?
Probablement pas, mais toute la complexité des entreprises familiales se situe bel et bien à l’intersection des cercles d’influence de la famille, de l’entreprise et de son actionnariat. Les nombreux travaux consacrés aux relations d’agence entre actionnaires et dirigeants montrent bien à quel point il est parfois difficile d’aligner leurs intérêts respectifs. Mais ajoutez à cela la famille, et la situation devient encore plus complexe.
Chaque système défend ses valeurs et ses priorités. La famille protège son harmonie, son unité et l’avenir des générations futures. L’entreprise survit dans un environnement concurrentiel de plus en plus exigeant. Et les propriétaires protègent leur investissement à moyen ou long terme. C’est ainsi à toutes ces problématiques que les dirigeants de la famille et de l’entreprise vont devoir répondre, et ce sans faire de favoritisme.
Mais les défis ne s’arrêtent pas là…
Au sein de chacun de ces systèmes, il y a des hommes et des femmes confrontés à des situations individuelles très diverses ce qui génère souvent un degré de complexité supplémentaire.
Ainsi, Omar, à Rabat, détient 5% des droits de vote de l’entreprise fondée par son grand-père sous le protectorat français. Il vient de terminer ses études de médecine et a besoin de fonds pour ouvrir son cabinet. Kerem, lui, est responsable commercial de l’entreprise dirigée par son père à Izmir. Un des plus grands groupes de distribution du pays vient de lui faire une proposition à la mesure de son MBA. Pourtant il ne l’a pas encore acceptée…
Piégés, ils le sont un peu tous les deux ! Mais mieux comprendre l’entreprise familiale et le contexte culturel et sociétal dans lequel elle évolue permet aussi de mieux gérer les situations individuelles et de pérenniser la famille et ses affaires.
Au Maroc, comme en Turquie, 90% des entreprises du pays sont familiales et peu ouvertes sur l’extérieur. C’est donc de leur survie, de leur avenir et de celui de leurs familles que nous traiterons dans ce blog en essayant de toujours intégrer les quatre dimensions décrites : la famille, la firme, l’actionnariat et l’individu.
[1] Trapped in the family business :A practical guide to uncovering and managing this hidden dilemma, Michael A. Klein, PsyD, June 2012, MK Insights LLC, Northampton, MA
Leave a comment