More work than shop
Suite à un workshop international très intéressant portant sur une réflexion sur le thème du changement où ont pris part des profils et des parcours très différents, des chercheurs à des activistes en passant par des hackers, plusieurs idées, ainsi que de nouvelles perspectives et autres visions de ce monde en mutation, ont émergé lors de ces quelques jours.
Il est toujours intéressant de participer à ces messes où se mélangent diverses nationalités et singularités afin de traiter de sujets communs à tous, en particulier le changement paradigmatique qu’ont engendré les nouvelles technologies dans divers espaces, et spécialement la place que doit occuper la citoyenneté au regard des changements technologiques, socio-économiques ou encore politiques. Bien sûr, les réponses ne sont pas évidentes, et ces exercices de brainstorming multiculturel rendent la tâche ardue mais néanmoins très enrichissante. Ce qui m’a frappé a été la méthode de travail, aux antipodes de celles déductives : on se met d’accord sur une définition, un modèle, des théories et on descend. Cette fois-ci les organisateurs ont misé sur une approche très enracinée dans le terrain, le discours, les émotions et à aucun moment, nous nous sentions emprisonnés par un quelconque modèle. En effet, en choisissant de raconter des histoires réelles qui ont produit ou non des changements et qui se sont déroulées dans divers contextes, nous avons tenté de déconstruire le réel pour mieux appréhender les accélérateurs de changement, quand, où, pourquoi ? Petit à petit, le groupe construit, déconstruit et reconstruit sans (inconsciemment) coller à des modèles de changements, pléthores dans la littérature. Une histoire qui m’a particulièrement frappé a été celle venant du Brésil, où l’on appelle un hacker un citoyen, qui derrière son ordinateur ou non, prend l’initiative de chercher, creuser et tout connaitre d’une loi en profondeur afin de tenter de la modifier. Cela a été le cas de Pedro, ce citoyen engagé contre la loi sur la protection des données personnelles, qui a demandé à un responsable législateur de la changer (car en désaccord avec ladite loi) et qui s’est vu donné cette opportunité ; en bref, la loi sur l’usage de l’information sur le net a été en partie produite par cette personne. A noter également la modalité et la rapidité de ce processus, en effet, par simple échange de mails et quelques jours après la demande, cette nouvelle loi a été amendée. [A quand des politiques aussi proches de leurs citoyens ?].
De cette rencontre aussi, un paradoxe a sauté à mes yeux d’observateur, le paradoxe selon lequel tous ces activistes de la « génération des poucettes » exercent sur un espace qui donne les mêmes chances à tous, où tout le monde est égal, ce qui rappelle quelque peu les idées du socialisme, et dans le même temps cet espace n’est autre régi que par des géants tel Google ou Microsoft, chantres du néo-libéralisme !
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