Leçons de chez nous et d’ailleurs
La stabilité de l’emploi est un facteur de cohésion sociale et de stabilité du modèle politique. Un pays comme le Japon est passé ces deux dernières décennies par plusieurs épreuves (récessions économiques, tremblement de terre etc..), pourtant les chiffres de l’emploi indiquent la grande stabilité sur ce plan et une influence réduite des différentes crises sur l’emploi.[i]Est cette une simple expression du marché ou un choix ? Les deux probablement, mais la volonté politique est assurément pour beaucoup dans ce domaine.
Autre exemple de la manifestation de ce facteur est celui des Etats Unis, par quoi peut-on expliquer le souci d’un président comme Obama d’approfondir les acquis en matière d’emploi ?[ii] Les réalisations durant son premier mandat, et les espoirs miroités par les promesses de sa campagne électorale ont été décisifs pour sa réélection. Il défend ainsi à ce jour ce projet et son discours de l’union de 2013 est une illustration de cette volonté.
Même si la réforme du marché de l’emploi trône parmi les conditions inamovibles de l’establishment économique comme recette obligatoire à toutes les économies. Il est clair aujourd’hui qu’il ne s’agit pas seulement de créer de l’emploi mais qu’il soit durable, stable et rémunérateur.
Le dernier rapport mondial sur les tendances de l’emploi pour 2013[iii] évoque l’émergence possible d’une classe de salariés dans les pays du BRIC qui pourrait booster la consommation et sortir les marchés de leur stagnation ; cette idée est fondée sur les nouveaux besoins et demandes de ces nouvelles classes « moyennes » comme facteur de la relance.
La question dans le cas marocain est encore plus primordiale, car souvent à travers les chiffres des faits passent sous silence et ne sont pas révélés ; quels types d’emplois crée-t –on actuellement chez nous ? Quelle situation sociale crée-t-on pour ces nouveaux actifs ? Quelle durée ou durabilité ? Puis bien sûr quelles conséquences sociales et politiques ? Quels acquis en matière de qualification et de valorisation du travail ?
Les problème de l’emploi et du chômage au Maroc sont très complexes et ne peuvent être traités par des petits aménagements législatifs ou politiques ? Le Maroc par exemple a opté pour un plan textile alors que ce secteur ne crée pas d’emplois stables mais surtout une classe salariée durablement pauvre ; dans la plupart des interventions publiques en matière d’emploi, il y a des aspects d’urgence qui perdurent, on crée des emplois saisonniers pour aider des populations pauvres à faire face à des crises structurelles et durables, conséquence : des moyens publics versés sans souci de rentabilité et une paupérisation sans fin.
Bref, on constate chaque jour, que même les économies les plus puissantes quand elles hésitent à prendre les grandes décisions qui touchent au système, se soucient d’un minimum pour maintenir ou sauvegarder la cohésion sociale de leurs pays ; ce petit courage à défaut du grand , l’a-t-on chez nous ? Ce n’est pas évident !
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