L’impasse des politiques d’emploi

En l’absence d’une alternative à la société de consommation au sein de laquelle on continue de vivre partout ; le monde est acculé à aux réaménagements cycliques, nécessaires pour surmonter    les problèmes structurels que ce modèlegénère.

La réponse aux questions de l’emploi aujourd’hui, comme bien d’autres questions fondamentales, passe par ce même dilemme, celui d’inventer les astuces ou les moyens les plus malins pour triompher d’un environnement fortement concurrentiel, et mériter une niche dans le royaume sublime et hégémonique de la chaine de valeurs. Avec pour corollaire implacable que les autres possibilités du même système n’ont pas de place et conduisent à une déchéance inéluctable. Et que la recette magique empruntée n’a qu’une durée de vie très limitée, dans l’attente de la prochaine crise systémique. Pour certains ce fait est un choix afin d’éviter les modèles de l’absolutisme qui finissent très souvent en chimères. Pour d’autres une telle situation pragmatique empêche l’émergence d’alternatives plus équitables et obstrue les horizons permettant à l’humanité de rêver de sociétés plus justes.

Qu’importe, dans ce contexte international, celui d’un mode à sens unique, régi par les prétendues tendances du marché, il y a aujourd’hui de nouvelles - bien qu’anciennes - « croyances économiques » concernant l’emploi et ses stratégies ; lesquelles se résument dans les trois fondements suivants :

  1. La force de travail demeure surtout une valeur marchande, elle dépend ainsi des conditions du marché ; et pour qu’elle joue son rôle dans le domaine économique; lui éviter l’asphyxie mortelle, il faudra la libéraliser au lieu de   l’enchainer dans un cadre contractuel rigide et définitif. La flexibilité du marché du travail serait ainsi une condition nécessaire à son propre développement, à la productivité, la croissance et au développement de la richesse.
  2. L’emploi public est un mal à réduire au maximum pour éviter de faire de l’appareil d’Etat ce qu’il ne sait pas faire ; c’est-à-dire la transformer en un opérateur économique, facteur de destruction des ressources potentielles d’un pays. Même pour les services publics, il serait préférable de ne laisser directement à l’Etat que ce qui est inévitable et nécessaire. Par contre, l’Etat ne doit pas faillir à son rôle le plus essentiel, celui de régulateur.  Par ailleurs, l’emploi public devrait être régi par les mêmes normes que le travail salarié du secteur privé, pour l’empêcher de devenir un lieu de rente politique, économique ou sociale.
  3. La qualification et le savoir sont les principaux atouts pour réussir une politique d’emploi , voire même  de plein emploi (c.à.d. parvenir à une moyenne de 5% de chômeurs environ parmi la population active demandeuse d’emploi) ; il revient à l’Etat d’assurer l’accès égal pour tous à ces deux domaines intimement liés , s’agit donc de réaliser la généralisation et le perfectionnement du système éducatif pour toutes les populations et catégories d’âge d’une part, ainsi que la généralisation des formations et apprentissages nécessaires à l’appareil économique dans les meilleures conditions. La logique de ces instruments repose sur l’amélioration des conditions d’accès au marché du travail, une sorte de mise à niveau, non une remise en cause ou une intervention qui affecterait celui-ci.

A l’analyse de leurs effets, ces trois fondements en matière d’emploi reflètent finalement l’idéal d’une société ségrégationniste. Ils indiquent que dans l’humanité aujourd’hui la force de travail est tenue d’améliorer ses performances pour répondre aux besoins effrénés de la productivité tout en faisant concrètement l’objet de démantèlement des grilles de protection sociale installées par la société industrielle à travers les longues luttes ouvrières des deux derniers siècles et ce, pour avoir désormais une main d’œuvre smart mais socialement plus démunie.

Cette configuration maximaliste, implicitement défendue à l’échelle universelle par toutes les institutions de légitimation internationales (Banque mondiale, FMI, OCDE…) ; pose pourtant le problème majeur de son inadéquation structurelle avec les réalités économiques, sociales et technologiques aujourd’hui. Les partenaires sociaux et les pouvoirs publics bousculés par les changements survenus au sein de la production et du marché n’ont pas encore réussi à s’adapter à leurs effets. Ils se disputent chacun à travers des visions immuables d’eux-mêmes et de leurs vis-à-vis relevant d’un référentiel politique et dogmatique du 20ème siècle. Mais le procès de production et le travail lui-même sont en train de changer avec une rapidité inédite ; une bonne partie de la population demandeuse d’emploi n’a aucune chance de l’avoir, non par défaut de formation ou de compétence, mais juste parce qu’il n’y a pas de places suffisantes pour l’intégrer. La tendance qui s’est installée depuis un demi-siècle déjà est une contraction progressive de la masse des emplois et une amélioration des taches de la conception, des procédés, de la productivité et de l’organisation de la production lesquelles réduisent beaucoup la dimension de l’emploi. Le décalage se creuse aujourd’hui entre l’organisation sociale et politique d’une part et l’organisation économique de l’autre. Tel est le vrai dilemme ou la véritable impasse à laquelle se trouvent universellement confrontées les politiques de l’emploi   partoutdans le monde aujourd’hui.

 

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