L’humain dans l’entreprise et l’entreprise humaniste
Tant au niveau de la littérature que de la rhétorique managériale, la centralité de l’homme dans l’entreprise, en tant que levier de la performance, ne saurait évoluer qu’en grandissant et en suscitant des débats passionnés. Cet homme dans l’entreprise, le vent en poupe dans les « charts » des communications et des stratégies de développement interne, semble être pour moi la victime de l’illusion du pouvoir qu’on lui confère, au nom d’une prétendue participation aux prises de décisions importantes, au nom d’un capital immatériel qu’il détiendrait et qu’il valoriserait avec ses communautés.En effet, nous assistons, du moins dans l’environnement que j’observe, à un effet Canada Dry sur la valorisation mise en avant de l’humain dans l’entreprise. Quelle entreprise ? Celle qui fonctionne selon des paradigmes où prévaut l’accumulation pour l’accumulation, la rentabilité à outrance, le courtermisme maladif et impulsif, la vente du produit pour le produit ?
En réalité, appréhender l’homme dans l’entreprise ne saurait se faire en premier lieu sans évoluer dans une entreprise humaniste. Une entreprise avec des valeurs de progrès, de tolérance, de compréhension de l’autre, de l’acceptation, de la mixité, de la volonté de bien faire ensemble et sainement, où l’avidité, la concupiscence, et tous les sentiments vils de la nature humaine seraient à bannir. Une entreprise qui saurait, et ce n’est pas une démarche aisée bien entendu, ne pas envisager l’homme en tant qu’agent mécanique de transformations, mais l’envisager dans sadynamique propre, comme jaillissement inépuisable de pouvoirs et de forces. Une entreprise qui saurait faire confiance à l’humain, non en tant que ressource, mais en tant que personne. Remarquez que certaines organisations ont remplacé le titre « Direction des Ressources Humaines » par « Direction du Capital Humain ». Une entreprise finalement enracinée dans un temps long de patrimonialisation de ce capital en y inventant des histoires, de belles histoires, et non une entreprise qui cherche des individus dans l’obligation d’inventer, sous la pression de l’urgence, des formules de survie. Le prisme de l’organisation apprenante qui prône une action collective productrice de sens, me semble être l’alternative à la corrosion des entreprises, et finalement, ce qui porte les êtres noblement vers la connaissance partagée, au-delà des vicissitudes régnantes.
Les prochains billets traiteront justement de cette approche organisationnelle.
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