Des brèches nécessaires pour relancer l'emploi
Ce n’est pas pour décourager, mais il semble que tous les remèdes classiques utilisés pour la promotion de l’emploi sont incapables d’assurer durablement sa relance. Les économies libérales de par le monde ont essayé toutes les recettes en vain. Le chômage avance dans les sociétés modernes, la jeunesse trouve moins de travail que par le passé, les emplois de qualité sont moins nombreux que les emplois sans carrière, ces derniers sont toujours aussi précaires et moins durables, la mondialisation présentée d’abord comme une opportunité redevient le bourreau de l’emploi partout, chez les pauvres comme chez les mieux nantis.[1] Le dernier rapport de l’OIT estime que « Après quatre années de crise mondiale, les déséquilibres du marché du travail sont devenus plus structurels ». Le chômage apparait comme un phénomène endémique dans la plupart des économies du monde. Les jeunes, les moins qualifiés et les séniors se trouvent logés à la même enseigne ; ils sont tous les premières victimes de cette crise qui se prolonge. Que peut-on faire alors ?
Il est plus vraisemblable que la question touche au système de société de l’économie libérale qui a atteint un degré de développement ne pouvant plus assurer le bien être et le plein emploi pour ses populations, aujourd’hui on commence à dissocier des éléments qui étaient associés pendant très longtemps, quelle que soit l’opportunité de la croissance, on reconnait désormais qu’elle n’est pas forcément synonyme d’emploi ou de création de nouveaux emplois. De même on commence à distinguer le plein emploi de l’emploi durable ….
Ces éléments ne conduisent pas encore à la clarté et le courage nécessaires aux décideurs , les discours politiques dans tous les pays ou presque affirment vouloir donner la priorité à l’emploi , mais partout aussi , le comportement réel des acteurs et des décideurs publiques se focalise concrètement sur les solutions aux problèmes des secteurs financiers et des équilibres classiques des budgets ;le Maroc ne fait pas exception en cela . L’actuel projet de loi de finances 2013 se présente comme ses prédécesseurs, sans ambition, rigueur budgétaire d’abord, le reste viendra Inchallah !
D’ailleurs, dans un pays où les retards sont multiples et les efforts encore modestes, ne pouvant compter sur un dynamisme authentique des pouvoirs publics, l’alternative pour les habitants était pendant longtemps de partir ailleurs. Aujourd’hui c’est devenu plus difficile, la plupart des pays ont fermé leurs portes face aux étrangers, ils connaissent eux-mêmes une situation grave .Les Marocains ne peuvent compter que sur eux-mêmes et sur leurs propres institutions économiques et politiques ! C A D sur vraiment peu ! Un Maroc où les déficits en éducation, en formation et formation continue sont triviaux exige aujourd’hui une volonté politique autre que celle en cours.
Existe-t-il un moyen quelconque qui pourrait apporter des solutions durables à la question du chômage ? Ouvrir les voies à une croissance durable et une prospérité assez convaincante autorisant l’espoir des générations les plus jeunes ? La question semble inaccessible pour les dirigeants de ce pays, dominés par un esprit de fatalisme faisant que tous les acteurs politiques n’ont même pas amorcé une réflexion digne de ce nom sur de possibles alternatives, tout le monde- ou presque- chez nous délègue aux autres la recherche d’une solution, ou, se résigne à subir la crise de l’emploi comme une donne inévitable qui durera dans l’attente de meilleurs jours au niveau de la conjoncture nationale !
Dans ce monde de crise généralisée pourtant, à défaut de grands remèdes il aurait mieux valu de peser au moins à des palliatifs, en France cela s’appelle prétentieusement les emplois d’Avenir, aux Usa l’Etat fédéral subventionne déjà les petits emplois, partout s’il n’y a pas encore de réformes structurelles il y a des gesticulations qui voudraient sauvegarder l’espoir parmi les populations les plus touchées. On évoque en France le retour progressif de l’industrie automobile, des centres d’appels, etc... ; Aux Usa, la ré-industrialisation du pays est à l’ordre du jour, notamment en informatique et électronique. On prépare la pénalisation par l’impôt de ceux qui délocalisent et la gratification de ceux qui reviennent au pays. Pourquoi ce type de réflexion n’est pas en cours chez nous ? Par exemple, déjà là où des emplois marocains se perdent à l’avantage de main d’œuvre étrangère pour des raisons de qualification ou d’organisation ou autre, pourquoi ne pas initier des programmes spécifiques pour les maintenir et les sauver ? Pourquoi ne pas explorer les marchés extérieurs de travail là où il est possible de gagner un savoir faire et des opportunités d’emploi ?Une alternative de ce genre dans le golfe est entièrement possible si les pouvoirs publics marocains se donnaient la peine de le faire ?(Il y a des demandes spécifiques que les Marocains peuvent mieux satisfaire que les autres pays)…Puis , pourquoi ne pas réellement tenter l’aventure de l’exploration du sud, vers les confins de l’Afrique subsaharienne en commençant par un véritable pays accueillant comme le Sénégal et potentiellement riches d’opportunités communes ?
[1] « Le travail à temps partiel contraint s’est développé dans deux-tiers des économies avancées et le travail temporaire dans plus de la moitié de ces économies. La part de l’emploi informel reste importante, se situant à plus de 40 pour cent dans deux-tiers des pays émergents ou en développement pour lesquels nous disposons de données. Les femmes et les jeunes sont affectés de manière disproportionnée par le chômage et la précarité de l’emploi. En particulier, le taux de chômage des jeunes a augmenté dans quelque 80 pour cent des économies avancées et dans deux-tiers des pays en développement. »
Rapport de l’OIT 2012
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