Pour une relance de l'université...

Pour une relance de l'université...

De cette session du Collectif Stratégie, il ressort que pour la réussite de toute réforme de l’université, il faut avant tout la concevoir comme étant un maillon de toute la chaîne de l’Education nationale et réellement y impliquer davantage d’acteurs: collectivités territoriales, secteur privé, enseignants chercheurs (c’est prévu mais non appliqué). Plus concrètement, plusieurs recommandations se détachent du lot.

Trois champs d’action

Gouvernance de l’université

De l’avis de tous, la révision de la gouvernance des universités est un préalable incontournable à la réussite de la réforme. Il faudrait donc refonder :

• Le cadre juridique : une clarification de la loi 01/00 et une réflexion sur un dispositif juridique efficace s’imposent pour concrétiser le principe fort de l’autonomie. Les partenariats entre Etat, universités, collectivités et secteur privé doivent se multiplier pour faire de l’université un véritable pôle de recherche et d’enseignement voué à l’excellence. La contractualisation, qui délimite les responsabilités de chaque acteur, sera alors indispensable à la réussite de toute initiative. L’évaluation des performances de chaque université, et ensuite de chaque acteur au sein de la même université doit à tout prix faire l’objet d’une évaluation impartiale, objective et chiffrée. La création d’une agence nationale de notation des universités, travaillant avec des collaborateurs propres et s’appuyant sur des experts extérieurs, serait le garant de la crédibilité d’une telle évaluation.

• Le cadre financier : le financement des universités doit pouvoir bénéficier d’un cadre juridique rénové. Par la multiplication des partenariats, elles doivent pouvoir diversifier leurs ressources financières par le bais de bourses d’excellence cofinancées, et par des recherches codirigées. Sur le plan de la gestion budgétaire, la loi 01/00 n’a pas encore libéré l’université quant à sa capacité de recruter librement des collaborateurs ou d’acquérir des équipements pour la recherche. Par ailleurs, on peut imaginer la facturation des frais de formation des étudiants internationaux inscrits en dehors du cadre de la coopération scientifique.

Au niveau du fonctionnement, le contrôle budgétaire a posteriori devrait prévaloir pour libérer les chercheurs de ces contraintes.

Aspects académiques

Repenser les missions clés de l’université : la formation et la recherche.

• La formation : les filières traditionnelles ont vocation à accompagner les mutations profondes de notre économie. Le besoin en ressources humaines est énorme au Maroc. Il est même insatisfait dans certains secteurs. Il est inadmissible de constater ce décalage entre l’offre et la demande en la matière. Il devient impératif aux universités de former ce dont les employeurs ont besoin, et non ce qu’elles ont l’habitude de former. Il faut donc favoriser les co-habilitations de formation et de recherche, les formations par apprentissage et en alternance et les stages de longue durée.

• La recherche : concevoir deux nouveaux statuts de chercheurs (avant et après la thèse) de façon à permettre aux chercheurs expérimentés de s’appuyer sur du sang neuf, et aux jeunes chercheurs d’aiguiser leur talent. Il devient impérieux de valoriser les pairs et de leur redonner une autorité morale. Pour sortir la recherche de son côté régional et local, il convient aussi d’entrer en relation et en synergie avec les compétences marocaines expatriées pour lancer et pérenniser les collaborations internationales, en insistant sur les attraits du Maroc.

 Volet socio-culturel

• Du côté de l’enseignant chercheur: revaloriser le métier en rédigeant une charte de l’enseignant chercheur et imaginer un code éthique pour les enseignants, opposable à ces derniers s’ils n’accomplissent pas leur devoir à l’égard de l’institution. Eclater les grilles de grade en 5 catégories au lieu de 3 actuellement et revaloriser les salaires à concurrence des autres salaires, ceux des agents d’autorité et autres cadres supérieurs de l’Etat par exemple. Il faut également lier ce salaire à la participation au fonctionnement de l’université et aux publications.

• Du côté des étudiants : réformer le système des bourses pour en adopter un basé sur les critères sociaux pour les deux premières années et ensuite sur un combiné social / mérite, sans oublier une dynamisation du rôle de l’étudiant dans la vie de l’université.