Vivre-ensemble. Et s’il nous était donné de redéfinir ce concept problématique ?

L’homme, nous le savons depuis Aristote, est un animal politique, en ce sens qu’il ne peut se passer d’autrui. C’est ce qui le définit en propre : vivre en commun, à l’abri de la cité, par nécessité de contrat social et de bien-être.

Il est néanmoins sain de douter du bien fondé du vivre-ensemble, à cause notamment du caractère surfait de l’expression, mot d’ordre fleurant bon l’œcuménisme de circonstance, brandi en slogan lors des grand messes confraternelles, comme s’il ne suffisait pas de naturellement s’en convaincre.  Le fait même d’en appeler au bon sens commun en proclamant la nécessité d’abolir les frontières de la différence, et de réapprendre encore et toujours le b. a. ba du vivre-ensemble, prouve que des siècles de cette expérience humaine commune n’ont pas suffi à nous en inculquer la nécessité. D’ailleurs, et trop souvent hélas, ces (r)appels au vivre-ensemble surviennent seulement une fois que le mal est fait, quand le trauma collectif (attentats terroristes, actes xénophobes…) est consommé. C’est dire combien le contrat social est fragile.

Pour quelles raisons l’apprentissage du vivre-ensemble est-il ainsi ardu ? L’intolérance a toujours le vent en poupe ; depuis des millénaires, c’est le même ballet incessant de violences et leurs cortèges de morts, d’exclus, de marginalisés. Être heureux avec l’autre relève de la vue d’esprit, un idéal qu’aucun siècle de l’histoire longue des humains n’a pu concrétiser durablement, si ce n’est que comme une parenthèse heureuse, un acte d’oubli volontaire et éphémère : que l’homme est naturellement un loup pour son frère l’homme (Plaute et Hobbes)

Redéfinissons donc le vivre-ensemble. Nous dirions d’abord que cela ne doit pas se confondre avec le croire-ensemble, ni avec l’obligation de vivre dans la semblance. Le vivre-ensemble devrait, idéalement et inconditionnellement, signifier vivre ensemble ses dissemblances. Dans un pays comme le nôtre – où la moralité religieuse/conservatrice est trop vite dispensée comme unique répertoire axiologique auquel tous, croyants et non-croyants, doivent se ranger ; où l’on vit depuis des décennies une ghettoïsation programmée des services publiques (éducation, santé et administration) ; où les clivages sociaux n’ont jamais été aussi flagrants –, la nécessité de redéfinir le vivre-ensemble est plus que jamais salutaire. Il faut s’y attacher de toute la force de notre âme collective, laquelle est certes composée de clivages et de schismes structurants, mais que rien n’empêche de soumettre à la complexe rationalité de la formule kantienne, qui nous contraint à la penser de manière dynamique et positive, celle de « l’insociable sociabilité de l’homme ».

Découvrez les mots !

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• Anthropocène pensé autrement  par Yasmina El Kadiri Cliquez-ici [3]
•  Attente pensée autrement par Fadma Ait Mous Cliquez-ici [4]
• Balcon pensé autrement par Kenza Sefrioui Cliquez-ici [5] 
•  Bio-pouvoir pensé autrement par Driss Ksikes Cliquez-ici [6]
•  Bullshit-jobs pensé autrement par Said Abu sheleih cliquez-ici [7]
• Chaos pensé autrement par Issam Eddine Tbeur cliquez-ici [8]
• Changement pensé autrement par Bachir Znagui cliquez ici  [9]
• Choc pensé autrement par Caroline Minialai cliquez-ici [10]
• Capacité pensée autrement par Nabil El mabrouki cliquez-ici  [11]
• Désir pensé autremant par Yasmina EL Kadiri cliquez-ici [12]
• Epicurisme pensé autrement par Issam Eddien Tbeur cliquez-ici [13]
• Confinement pensé autrement par Azzedine Akesbi cliquez-ici [14]
• Ciblage pensé autrement par Abdelhak Kamal cliquez-ici [15]
• Dar ou Khayma pensées autrement par Abdelmajid Jahfa cliquez-ici [16]
• Désinformation pensée autrement par Taoufik Benkaraach cliquez-ici [17]
• Fake news pensée autrement par Abdelahad Sebti cliquez-ici [18]
• Intériorité pensée autrement par Hammad Sqalli cliquez-ici [19]
• Crise des motivations pensée autrement par Iitidal Fettah cliquez-ici [20]
• Emotions pensée autrement par Caroline Minialai cliquez-ici [21]
• Inégalités pensées autrement par Kenza Sefrioui cliquez-ici [22]
• Discipline pensée autrement par Driss Ksikes cliquez-ici [23]
• Ivresse pensée autrement par Aicha Belarbi cliquez-ici [24]
• Techno-logique pensée autrement par Aziza Mahil cliquez-ici [25] 
• Moi pensé autrement par Issam Eddine Tbeur cliquez-ici [26]
• Epicentre pensé autrement par Annie Devergnas cliquez-ici [27]
• Solidarité pensée autrement par Zoubida Mseffer cliquez-ici [28]
• Recul pensé autrement par Kenza Sefrioui cliquez-ici [29]
• Peur pensée autrement par Souad Jamai cliquez-ici [30]
• Mort pensée autrement par Brahim Labari cliquez-ici [31]
• Joie pensée autrement par Aicha Belarbi cliquez-ici  [32]
• Respirateurs pensé autrement par Manal El Aboubi cliquez-ici [33] 
• Lâcher-prise pensé autrement par Salma Belkebir cliquez-ici  [34]
• Phobie pensée autrement par Lahoucine Bouyaakoubi cliquez-ici [35] 
• Temps pensé autrement par Souad Jamai cliquez-ici [36]
• Influence pensée autrement par Mama Hamimida cliquez-ici [37]
• Télétravail pensé autrement par Imane Benzarouel cliquez-ici  [38]
• Territoire pensé autrement par Claude Courlet cliquez-ici  [39]