L’Algérie entre retards et avancées
Auteur : Abdellatif Benachenchou
L’universitaire et chercheur Algérien, Abdellatif Benachenchou revient sur les investissements de cette dernière décennie en Algérie. Il y énumère les différentes avancées et révèle les innombrables écueils.
L’Algérie est un pays qui a la réputation d’être fermé à l’investissement. Les réputations ont la peau dure mais se vérifient souvent ! Entre lois protectionnistes et enfermement dans une économie dépassée, qu’en est-il des investissements étrangers au pays de Boutefllika ? Quelles entreprises osent s’aventurer dans ce pays aux lois austères ?
C’est à ces questions qu’essaye de répondre l’universitaire et chercheur Abdellatif Benachenchou dans son essai : Les nouveaux investisseurs.
Les réponses sont du moins, inattendues. Contre toute attente, l’Algérie semble renaître de ses cendres et on sent un air de renouveau malgré un coma économique apparent !
Aujourd’hui, et sans surprise aucune, le secteur des hydrocarbures reste le plus attractif. La reprise de 2004 semble avoir donné un coup de fouet à l’économie notamment grâce à l’installation du norvégien Statoil et de l’espagnol Repsol.
Des projets structurants sont en route (malgré les innombrables scandales de la Sonatrach : société nationale des hydrocarbures)
Parmi les grandes réalisations de l’énergie : le gazoduc Medgaz, qui reliera Béni Saf à Almeria en Espagne pour transporter « 8 milliards de mètres cubes par an, avec une extension à 16 milliards dans un second temps ». Le partenariat avec l’Espagne semble prendre un nouvel essor et ne se limite pas aux hydrocarbures. Un consortium algéro-espagnol a été également mis en place dans le domaine du dessalement des eaux (le groupe Enima Aqualia a décroché le contrat de réalisation de l’usine de Mostaganem d’une capacité de 100 000 mètres cubes, la société Ridesa associé au Canadien SNC Lavalin, va quant à elle construire l’usine de dessalement de Zéralda).
De toute évidence, des projets structurants pour l’Algérie sont en train d’être pris en charge par les Espagnols. La péninsule ibérique est en phase de devenir un partenaire privilégié pour le pays.
L’Algérie semble sortir d’une longue hibernation, après des années de terrorisme où des pans entiers de l’économie ont été mis à terre, il devient urgent de développer aujourd’hui les autres secteurs : banques, médicaments, ciment, électricité ports, etc…
Selon Benachenchou « la poursuite de l’ouverture économique pour attirer des investisseurs performants et une bonne régulation sont les seuls moyens de lutte durable contre la pauvreté et la croissance de l’emploi : l’efficacité de la politique économique et sociale ne dépend pas de la taille du secteur public mais de l’attractivité de l’économie et des performances des entreprises ».
Des lois en évolution, des marchés à prendre
La percée chinoise en Algérie est devenue un cas d’école. « En 2005 alors que La Chine se hisse à la 4ème place de fournisseurs, elle s’empare de 6,2% de parts du marché contre 5% en 2004 », détrônant ainsi les Etats-Unis pourtant partenaire bien implanté au pays.
Aujourd’hui le pays du soleil couchant se positionne sur le marché des hydrocarbures, s’est emparé du celui des travaux publics et d’équipements, et grignote, également, une bonne part du secteur des télécommunications. L’Empire du milieu semble avoir retrouvé tout son panache au cœur du Maghreb.
Par ailleurs, Benachenchou nous apprend que la banque marocaine Attijari Wafa Bank se dit prête à investir « 100 millions d’Euros en Algérie. Attijari Wafa Bank attend maintenant des autorités algériennes la réponse aux demandes d’agrément qu’elle a déposées pour la création de trois entités ». Benachenchou parle également d’implantation de la BMCE qui a présenté une demande d’agrément.
Une affaire à suivre de près…
Mais que se passe-t-il pour les investisseurs locaux ? S’il est un exemple à suivre et à étudier, ce serait sans aucun doute celui de Cevital, une PME devenue un empire industriel.
Pour satisfaire les besoins de croissance Cevital, la banque d’Algérie a mis en place (récemment), une loi qui permet le financement à partir de l’Algérie des opérations extérieures d’entreprises algériennes ! Une première dans ce pays aux lois protectionnistes tant de fois décriées.
Dans cette Algérie qui se dit prête à l’ouverture, tout n’est pourtant pas rose. L’auteur énumère également les innombrables dysfonctionnements et les manques à gagner.
Il pointe du doigt le sous développement du tourisme qui demeure un grand handicap pour le développement du pays.
Pourtant, l’Algérie pourrait profiter de niches touristiques telles le tourisme thermal (le pays dispose de 202 sources), le tourisme d’affaires, les déplacements religieux (l’Algérie compte quelques lieux saints pour les chrétiens : tombeau de Saint-Augustin, le père Foucault (18 000 visiteurs en 2005), le pèlerinage des Tijani (Laghouat) etc…)
La faiblesse de la capacité hôtelière en constitue le principal écueil. Pou y remédier quelques projets phares sont en route. Le Saoudien Sedar compte construire des complexes touristiques d’une capacité de 20 000 lits à l’Ouest d’Alger. Le groupe touristique Accord a, par ailleurs, un projet de construction de 36 hôtels dans différentes régions du pays. Les Allemands comptent s’emparer de la zone d’Al Qala (frontière tunisienne) et les Américains la région de Jijel. (à 350 Km à l’est d’Alger)…
Chacun semble vouloir sa part du gâteau. Malheureusement, ces projets ne font partie d’aucune stratégie structurante et trainent depuis pas mal d’années…
Par Amira-Géhanne Khalfallah