Préalables pour une gouvernance réussie
Auteur : Rapport Banque Mondiale “Diagnostic systématique pays”
Le 20 novembre 2017 , Economia HEM Research center a accueilli à son siège, au Campus de Rabat de HEM, une réunion de consultation de la banque mondiale autour de son diagnostic systématique pays(DSP) sur le Maroc et ce, pour la période des quatre prochaines années 2017/2020.
Une vingtaine de chercheurs du centre et des universités de Casablanca Rabat et Kenitra ont participé à cette réunion, animée par JP Chauffour Économiste principal pour le Maroc à la Banque mondiale.
Les consultations relatives au DSP ont pour objectif d’échanger avec les différents milieux et partenaires du pays les idées et réflexions à propos des programmes d’action de la banque mondiale dans un pays donné .Dans le cas du Maroc ces échanges se devaient d‘identifier les défis et les opportunités pour réduire la pauvreté et promouvoir la prospérité partagée de manière durable, notamment à travers l’identification des domaines prioritaires de réformes pour soutenir l’amélioration du niveau de vie et l’émergence d’une classe moyenne dynamique .
Des inclusions à édifier
En fait le diagnostic présenté ne comportait pas d’éléments nouveaux majeurs par rapport au mémorandum sur l’émergence de l’économie marocaine présenté par la même institution moins d’une année auparavant .Le diagnostic retient cinq critères, le premier est relatif à la question de la pauvreté et des inégalités, il rappelle la persistance de défis importants dont le sentiment de pauvreté et de manque d’opportunités parmi les populations, notamment l’écart d’aspirations chez les jeunes. Le second souligne la vulnérabilité des acquis économiques et sociaux réalisés, le troisième plus étendu repose sur les déficits en matière d’inclusion :
- L’inclusion des institutions de marché
- Un milieu des affaires plus propice à l’entrepreneuriat et au développement des PME
- Un marché du travail plus inclusif, notamment des jeunes et des femmes
- Un régime des échanges extérieurs plus inclusif (commerce, investissement, capitaux)
- L’inclusion des institutions publiques
- Dans l’élaboration et le respect de l’état de droit
- Dans l’administration de l’État et des collectivités locales
- Dans la fourniture de biens et services publics
- L’inclusion dans la formation du capital humain
- L’accès à une éducation de qualité
- L’accès à une santé de qualité
- L’accès au développement de la petite enfance
- L’inclusion comme capital social
- L’inclusion des femmes
- L’inclusion des jeunes
- L’inclusion des personnes handicapées.
Un programme social à la recherche d’un meilleur ciblage
Onze contraintes dominantes sont identifiées par ce diagnostic et nécessitent d’être traitées pour accélérer l’émergence du pays. Parmi les axes prioritaires d’intervention, les experts de la Banque mondiale préconisent des propositions et des objectifs désormais reconnues, notamment en matière de lutte contre les rentes et de renforcement de la concurrence et de l’accès équitable aux marchés. Ils appellent aussi à promouvoir l’innovation et récompenser (ne pas pénaliser) la prise de risque.
Sur le plan social on notera la proposition de Lutter contre les discriminations à l’égard des femmes et de favoriser leur autonomie (droits, liberté d’action), celle de créer un registre social pour améliorer la gouvernance, le ciblage et la coordination des programmes sociaux, d’améliorer la sécurité des travailleurs (assurance chômage) ainsi que l’efficacité et le ciblage des politiques actives du marché du travail (PAMT). Parmi les axes on notera aussi l’appel à des interventions spatialement ciblées pour faire face à l'exclusion sociale (poches de pauvreté urbaine, périurbaine et rurale).
Parmi les points les plus significatifs de ce diagnostic la banque mondiale met en exergue ce qu’elle qualifie de contrainte transversale, celle de la nécessité absolue d’une amélioration de la gouvernance. Dans plusieurs passages de ce diagnostic on retrouvera trois thèmes concomitants :
-le renforcement de la transparence et de l’accès à l'information
-La Promotion de l’expression et de la participation citoyenne.
-Le respect et la mise en œuvre les lois, et le renforcement de la justice.
L’inévitable transparence
Parmi les actions préconisées on retiendra l’appel clair et franc à l’adoption d’une loi ambitieuse sur l’accès à l’information ; la consécration de la reddition des comptes à travers l’évaluation systématique des politiques, ainsi que l’amélioration relative à l’équité des procédures judicaires et de la justice pénale, la protection des biens (régime foncier, expropriation)et la protection des contrats (procédures et processus d’exécution).
Le diagnostic conclut sur ce qu’il qualifie de défis de la mise en œuvre de ces orientations, à travers des questions politiques effectivement cruciales et d’extrême actualité. Il s’interroge ainsi sur Comment consolider le lien social pour être acteur d’un Maroc modernisé? Comment renouer avec un sens de l’intérêt général et du collectif dans le cadre d’un contrat social renouvelé? Et Comment restaurer la confiance des citoyens envers les corps intermédiaires et assurer que ces corps soient à la hauteur des enjeux? Des interrogations clés qui sonnent comme des conditions sine qua non pour réussir le passage vers l’émergence !
Par Bachir Znagui