La lutte contre le virus se déroule dans une sphère d’incertitude temporelle où les individus et les groupes sont inégalement exposés aux risques de contamination. Une réadaptation du temps des musulmans au temps « universel » s’impose en vue de prévenir les effets néfastes du virus sur le présent et le futur, et d’en finir avec le temps des attentes des réalisations de l’Autre. Car si le temps est géographiquement déterminé, il est aussi véhiculé par l’économie et la technologie. Dans l’aire musulmane, la relecture en est faite, tantôt pour donner un sens religieux à l’émergence du virus, tantôt pour s’insérer dans le sillage des efforts scientifiques d’explication émanant du présent. L’inégalité du rapport au temps entre musulmans et occidentaux détermine, depuis déjà quelques décennies, les relations de domination à l’échelle universelle. Les jeunes privés de formation et d’insertion professionnelle ne profitent pas suffisamment de la situation de confinement en termes d’apprentissages et d’investissement du présent. Le temps collectif du sacré et de la vie sociale cède la place au temps individuel. Or, on sait déjà que dans le cadre de la « nouvelle normalité » on reviendra, pour assez longtemps encore, à la dualité temporelle résultant de l’inégalité sociale, de la différence de genre et de la séparation étanche entre le calendrier musulman et le « temps universel ».

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